Diable de pastorale

Bois peint et fibres végétales
h : 115 cm ; L : 43 cm

 


Garindein (Soule), 1936


Inv. n° 2612

 

 


Salle 20

Ce pantin articulé est un élément du décor de la pastorale « Roland » jouée en 1936 par les villageois de Garindein, commune limitrophe de Mauléon.

La pastorale est le théâtre traditionnel propre à la Soule, qui réunit chaque année les habitants d’un village autour de ce spectacle en langue basque associant chants et musique, danses, déclamations et mouvements de scènes codifiés.

Jouées en plein air par des amateurs, les pastorales mettent en scène la vie de grands personnages avec pour thème récurrent, la victoire des bons sur les méchants, soit celle des « Chrétiens » sur les « Turcs ». Ces termes qui tendent aujourd’hui à être remplacés par la couleur dominante de chaque camp, Bleus et Rouges, rappellent les origines très anciennes de ce théâtre populaire hérité des temps médiévaux.

Les pastorales se jouent dans un décor minimaliste immuable - une scène desservie par trois portes fermées par des rideaux - qui laisse une large place aux symboles et au merveilleux, sans égard à l’unité de lieu ni de temps.

Le texte le plus ancien qui nous est parvenu date du milieu du 18e s., mais il est admis que l’origine des pastorales est antérieure. Elles se sont transmises de génération en génération par des copies manuscrites.

 

 

 

 

Le musée conserve plusieurs documents liés à la pastorale « Roland » de 1936, dont le cahier manuscrit, traduit en français et daté de 1908 qui a servi à la mise en scène. Il est signé de Jean Heguiaphal, héritier d’une lignée fameuse de régents (errejent en souletin) terme désignant celui qui a retranscrit le texte et veille au bon déroulement des scènes sur l’estrade le jour de la représentation.

La pastorale fut donnée deux fois : le 19 avril par une journée pluvieuse et le 3 mai sous un soleil printanier. L’intrigue en trois actes s’inspire de la Geste de Charlemagne, dont la célèbre Chanson de Roland. Preux chevaliers chrétiens, féroces guerriers turcs et géants redoutables voyagent entre la France, la Palestine et l’Espagne tout au long des six heures de représentation.

L’objet présenté ici a été donné au musée par Léopold Irigaray. Ce natif de Laguinge, fin connaisseur du sujet, avait accompagné dans ses recherches le professeur Georges Hérelle (1848–1935), spécialiste éminent de l’étude des pastorales, faisant office pour lui de traducteur. Il était également le correspondant du directeur du musée, William Boissel, toujours attentif à promouvoir les multiples facettes des traditions basques. Celui-ci a d’ailleurs apporté un soutien actif à la création de cette pastorale au travers de nombreux articles de presse.

Sur le fond de la scène, ce diable était fixé au-dessus de la porte de gauche, la Porte d’Enfer, celle qui livre passage aux personnages du camp des rouges, Turcs et Satans. Ses bras et jambes étaient articulés au moyen d'une ficelle actionnée par un villageois dissimulé derrière le rideau. Idole des mauvais qui le saluent en quittant la scène, il répond en gesticulant tant et plus en signe de bienvenue lorsque ceux-ci se retirent.