L'histoire du musée

Le Musée Basque et de l’histoire de Bayonne a pris ses quartiers dans la maison du négociant Dagourette et a ouvert ses portes le 2 février 1924. 

 

 

Le musée a ouvert ses portes en 1924 dans la maison Dagourette, ancienne demeure d’un négociant bayonnais. Construit à la fin du XVIe ou début XVIIe siècle en bord de Nive, cet édifice est l’un des plus anciens de la ville et constitue un rare témoignage du type d’habitat portuaire lié au négoce et à la bourgeoisie. Classé monument historique en 1991, il a fait l’objet d’une belle restauration, accueillant depuis 2001, une muséographie entièrement renouvelée sur trois niveaux. La section ethnographique prend place dans les entrepôts portuaires ; la section art et histoire occupe les étages de la maison.

Inauguration officielle du musée 15 juillet 1934 
© Musée Basque et de l'histoire de Bayonne

 

 

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La maison Dagourette

Ce fut d’abord une maison de négociant et un entrepôt portuaire jusqu'en 1640. Elle appartenait à la famille Dagourette que l’on rencontre dans les actes notariés du XVIe siècle. Elle a été en partie reconstruite au début du XVIIe siècle puis modifiée plusieurs fois jusqu’au XIXe siècle. La façade primitive était en retrait par rapport à l’actuelle. Lors des travaux de restauration dans les années 1990, on a découvert des colonnes ogivales bloquées dans le mur de refend central à 10 mètres en arrière de la façade actuelle. Malheureusement elles ont été enfouies sous de nouvelles maçonneries. Les plans et vues cavalières de la fin du XVIe siècle et du début du XVIIe siècle montrent bien une maison Dagourette en retrait par rapport à la rivière et un petit navire est dessiné sur une grève devant l’ancienne façade.

Bayonne et le pont Marengo 1867 
© Musée Basque et de l'histoire de Bayonne

De 1640 à 1680 la maison changea de vocation et reçut les sœurs Visitandines le temps qu’elles construisent un nouveau couvent et une église à l’emplacement de la partie de la rue Marengo actuelle au-delà de la rue Pontrique. C’est Mgr Fouquet évêque de Bayonne de 1638 à 1642 et frère du célèbre Surintendant des Finances sous Louis XIV qui installa provisoirement l'ordre des Visitandines à Dagourette. La maison fut modifiée à cette occasion et probablement la nouvelle façade repoussée vers la Nive. La chapelle se trouvait au deuxième étage et il reste un grand arc surbaissé qui devait séparer le chœur des sœurs de l’autel et de la nef de la chapelle. Ces religieuses emménagèrent en 1680 dans leur nouveau couvent qui subsista jusqu’à la Révolution et qui fut détruit sous le Premier Empire. La maison Dagourette fut affectée à un hôpital civil sous le nom de Saint-Nicolas puis de Saint-Léon à la fin du XVIIe siècle. Il survécut jusque sous le Second Empire. Une ancienne cour à laquelle on accédait par la rue Marengo fut couverte et un escalier monumental avec rampe en fer forgé la remplaça. 

Escalier XVIIIe. 
© Musée Basque et de l'istoire de Bayonne. 
Photo Anaiz Aphaule Duperret
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La porte en arc cintré qui était l’ancienne entrée de la maison fut condamnée. On ouvrit non loin une fenêtre (aujourd’hui fermée de barreaux) qui était le « tour » où l’on déposait les enfants abandonnés dans l'anonymat. En effet, l'un des services offerts par cet hôpital était l'accueil d'enfants trouvés dont les témoignages abondent dans les archives municipales. On appelait cette fenêtre « dépose bébé », « tour » ou « tour d'abandon » de Bayonne. C’était un système de tiroirs en bois qui tournaient, et l'enfant abandonné à l'extérieur se retrouvait ainsi à l'intérieur du bâtiment. Parfois, un bout de papier ou un ruban accompagnait le bébé. Ces souvenirs permettaient de mieux connaître le milieu social de la mère.
 

Tour d'abandon. 
© Musée Basque et de l'istoire de Bayonne. 
Photo Anaiz Aphaule Duperret

Et plus tard, sous le Second Empire, la maison Dagourette, propriété de l'administration des hospices fut louée à divers commerçants. Le tour fut à cette époque muré. En 1922, quand la Ville de Bayonne racheta la maison Dagourette pour y loger le Musée basque, le commandant Boissel, son fondateur, fit rouvrir le tour et poser un linteau de pierre gravé : « Ici était le tour où l'on déposait les enfants abandonnés. Il disparut en 1867 ». Lors du classement de la maison en 1991, cette plaque commémorative fut enlevée, puis remise avec un vitrail offert par le maître verrier Angloy Charles Carrère, représentant un enfant dans ses langes. Le vitrail est inspiré des tondi en faïence vernissée qui décorent la façade Renaissance de l'hôpital des Innocents à Florence où subsiste un tour des enfants abandonnés qui n’est heureusement plus utilisé.

Vitrail du Tour d'abandon réalisé par le maître verrier 
Charles Carrère.
© Musée Basque et de l'istoire de Bayonne.
Photo Anaiz Aphaule Duperret 

 

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Lorsque l’hôpital déménagea à Tosse dans un grand édifice construit sous Napoléon III, la vieille maison Dagourette fut louée par l’administration des Hospices pour y loger un dépôt des Douanes et quelques commerces de meubles. La façade sur Nive fut rabotée de ses bandeaux de pierre et les meneaux des fenêtres enlevés. Un grillage posé sur la façade reçut un ciment uniforme qui fut peint en blanc avec par dessus de grandes enseignes publicitaires.

Bâtiment du Musée avant d’être le musée vers 1900.
© Musée Basque et de l'istoire de Bayonne

Lorsque la Ville de Bayonne racheta la maison Dagourette pour y installer le Musée Basque en 1922, il fut décidé de remplacer les enseignes publicitaires par le nom du musée entouré des blasons des provinces basques. Des volets rouges furent posés aux fenêtres et des jardinières de géraniums installés dessous. L’ensemble faisait « rural basque ».

Dans les années 1990, cette façade qui menaçait de s’effondrer fut reconstruite dans le style d’origine du début du XVIIe siècle. Les bandeaux de pierre dont l’arase fut retrouvée furent remis en évidence ainsi que les meneaux des fenêtres. Des sondages avaient montrés qu’une ancienne peinture bleue couvrait les vieilles fenêtres à meneaux. L’architecte en chef ne voulut pas restituer ces couleurs trop fragmentaires.


Gelly Pierre. Le Musée Basque et de la tradition bayonnaise, 1925. © Musée Basque et de l'istoire de Bayonne

 

 

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Le Foyer du Soldat

En 1939-1940, le Musée abrita le Foyer du Soldat. Plus tard le Secours National y pris également ses quartiers et les collections furent transportées à Saint-Sever en Chalosse pour être mises à l’abri. En 1946, la guerre terminée, les collections furent réinstallées dans la maison Dagourette où elles se trouvent encore aujourd’hui, bien que bénéficiant d’une présentation plus moderne. 

José Gonzales de La Peña.
Le Foyer du soldat. Salle Argitu actuelle transformée en salon de billard.
© Musée Basque et de l'istoire de Bayonne 
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La salle de correspondance en 1940 (actuelle salle du plan relief).

 

André Ocana
© Musée Basque et de l'istoire de Bayonne
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L'ancienne entrée du Musée. La caisse du Foyer du Soldat en 1940.

 

Jean Mexia
© Musée Basque et de l'istoire de Bayonne

Quelques dates importantes...

1897 : Congrès de la Tradition basque à Saint-Jean-de-Luz. Pour la première fois, il est question de rassembler une collection et d’ouvrir un musée en Pays Basque.

Mai 1922 : Le conseil municipal de Bayonne charge la Société des Sciences, Lettres, Arts et Études Régionales de Bayonne, de créer, organiser et administrer le Musée Basque et de la Tradition Bayonnaise, à la maison Dagourette, dans le Petit Bayonne.

1924 : Ouverture du Musée au public.

1954 : Le Musée est contrôlé par la Direction des Musées de France. Sa gestion est alors entièrement confiée à la Ville de Bayonne. 

1965 : Création de la Société des Amis du Musée Basque, à l’initiative de la publication semestrielle du Bulletin du Musée Basque.

1988 : Création d’Argitu (mot basque signifiant « éclairer »), service éducatif du Musée, en partenariat avec le Rectorat de Bordeaux.

Juin 1989 : Fermeture du musée pour raisons de sécurité.

Février 1991 : Classement de la maison Dagourette au titre des Monuments Historiques.

1991-1992 :  Première intervention des Monuments Historiques sur la maison Dagourette pour la restauration de la façade donnant sur le quai des Corsaires.

1992-1993 : En décembre 1992, la Ville de Bayonne lance le concours de recrutement d’architectes muséographes. En juillet 1993, Bernard Althabegoïty et Zette Cazalas sont choisis.

1994 : Travaux d’aménagement des deux ailes du Château-Neuf.

Juin 1997 : Fin des travaux à Château-Neuf et début du transfert des collections sur ce site.

Juin 1998 : Ouverture des salles d’expositions temporaires à Château-Neuf.

Juin 2001 : Réouverture du Musée Basque et de l’histoire de Bayonne à la maison Dagourette.

2007 : Gestion du Musée confiée à un Syndicat mixte regroupant le Conseil général des Pyrénées-Atlantiques (aujourd'hui Conseil départemental), la CABAB (aujourd’hui Communauté d’Agglomération Pays Basque) et la Ville de Bayonne qui reste propriétaire des bâtiments et des collections et qui exerce la tutelle administrative.

2008 :  Mise en place du service des publics du musée qui intègre le service éducatif Argitu. Le partenariat avec le Rectorat de Bordeaux continue sous une autre forme.

2011 : Lancement du programme académique À la découverte des lieux de culture : comprendre un musée