Armoire de port

Armoire de port
Acajou et métal
H. 279; l.176 cm
XVIIIe s., Bordeaux
Salle 18

Cette armoire monumentale, léguée au musée au moment de son ouverture en 1924, ornait l’intérieur d’une maison de Biarritz. Elle est typique du mobilier dit « meuble de port » fabriqué à Bordeaux notamment au XVIIIe s. Ses formes galbées  sont caractéristiques du style Louis XV. Ses deux vantaux, panneaux latéraux et montants arrondis sont finement sculptés de motifs floraux et végétaux, rocailles, palmettes et coquilles. Elle est surmontée d’une forte corniche, moulurée et cintrée en « chapeau de gendarme », dont l’ornement central est en saillie : il figure une fleur épanouie dominant un petit dragon ailé. L’ensemble repose sur une large assise moulurée qui laisse apparaître à l’avant deux pieds solides façonnés en feuilles d’acanthe. Les ferrures sont sobres et les gonds soigneusement enchâssés le long des vantaux. 
Le dormant laissé lisse et les panneaux des portes se parent des reflets mouchetés et des teintes chaudes de l’acajou. 
Par ses dimensions imposantes et par le soin apporté à son aménagement intérieur, elle s’apparente à une armoire de présentation, pièce maitresse du mobilier de la salle à manger des hôtels particuliers bordelais à la fin de l’Ancien Régime. Renfermant d’élégantes étagères et un buffet de rangement, ce meuble restait ouvert lors des repas pour exposer l’ensemble de la vaisselle à la vue des convives.
 
 
 
 
 
 

 



Au 18e s., le port de Bordeaux est florissant. Le commerce avec les Antilles et l’Amérique favorise l’afflux de bois exotiques dont l’acajou de Cuba. Sous forme de billes ou de planches, il est utilisé pour l’arrimage des marchandises, comme lest ou frêt de retour pour compléter le chargement de denrées coloniales. C’est un bois dur que les ébénistes apprennent peu à peu à travailler, séduits par sa palette de couleurs qui sert la réalisation d’un mobilier élégant très prisé des élites bourgeoises et marchandes bordelaises. Nantes et Saint-Malo sont les deux autres grands centres de production de meubles de port à la même époque. 
Cette armoire atteste les liens des négociants et armateurs bayonnais avec les grands ports de la côte atlantique. Elle montre leur intérêt pour le goût et l’art de vivre de leurs homologues bordelais, en l’absence d’un mobilier spécifique lié au port de Bayonne dont il resterait à trouver trace dans les archives.