Danseurs et musiciens basques, béarnais et bigourdans

 

Danseurs et musiciens basques, béarnais et bigourdans
 

Henri Borde  (Bagnères-de-Bigorre 1888 – Tarbes, 1978)
 

Huile sur toile
 

H : 202 ; L : 146 cm
 

1937
 

Inv. 89.57.1
 

Salle 20

Cette toile panoramique signée du peintre bigourdan Henri Borde est une commande pour le Centre régional de l’Exposition Internationale des Arts et Techniques de Paris en 1937. A côté d’une quarantaine de pavillons étrangers, il regroupe les productions des provinces françaises et propose au visiteur un tour de France en 25 régions, autour de spécialités à déguster et d’animations variées (danses, musiques et sports). Le Pays Basque y est associé au Béarn et à la Bigorre pour représenter la 8ème région, baptisée pour l’occasion « 3B ». Le Musée Basque prend une part active au projet puisqu’il est le siège du comité chargé de la conception du pavillon des 3B. Le plan prévoie trois espaces d’une superficie identique, chacun ayant un thème précis : salle d’honneur de la Fédération Française de la Pelote Basque pour le Pays Basque, rendez-vous de chasse pour le Béarn et salle d’hôtel de montagne pour la Bigorre.

Conçue pour orner la salle des fêtes du pavillon, lieu de réunions et de spectacles commun aux trois provinces, cette composition est représentative du courant régionaliste très prisé dans l’Entre-deux guerres. Henri Borde, formé à la sculpture avant de se destiner à la peinture, enseigne à l’Ecole des Arts de Tarbes. Habitué des commandes publiques et des sujets religieux, il peint cependant volontiers d’une manière classique teintée d’apports contemporains, des portraits, paysages et scènes de genre inspirés de sa région natale.

Pour ce tableau, il réunit les trois acteurs du pavillon autour du thème de la danse. Il a choisi pour toile de fond le paysage qui les unit, les Pyrénées, desquelles émergent trois sommets. Le premier, qui domine la Bigorre natale du peintre, semble être le pic de Viscos (2141 m.) avec sa crête acérée. Puis viennent le pic du Midi d’Ossau (2884 m.) reconnaissable à son profil caractéristique et la Rhune (905 m.) dont les pentes glissent doucement vers l’Océan, et au-delà vers l’Espagne. Alors que la haute montagne est couverte de forêts, un village se niche au creux des collines basques et on distingue sur la plage, les indices d’une activité balnéaire déjà très développée en cette fin des années 1930.

 

 

 

Pour le groupe basque, sur la droite du tableau, Borde a choisi de représenter les danseurs souletins, dont la réputation de virtuosité dépasse largement les frontières de leur province. Le meilleur d’entre eux, le zamalzain (homme-cheval) est représenté ici dansant Godalet dantza. Sur une estrade de bois qui rappelle celle des pastorales, il s’envole littéralement au-dessus du verre de vin, entouré de trois autres personnages principaux de la mascarade souletine : txerrero (de dos en veste rouge avec son fouet de crins), ensenari (agitant son drapeau) et kantiniersa (en veste et chapeau bleus, jupe rouge). Peut-être faute de place, il manque le cinquième danseur, gatüzain et ses culottes jaunes, pour compléter le groupe. L’assemblée des spectateurs et des danseurs est exclusivement masculine, rappelant qu’à cette époque encore, les femmes n’avaient pas leur place dans la danse traditionnelle souletine.

Situation toute différente chez les Béarnais et les Bigourdans, représentés par le peintre dans des danses mixtes : branle, quadrille ou polka… C’est pour lui l’occasion de mettre en valeur les costumes féminins de ces vallées pyrénéennes : jupes et capulets écarlates des Ossaloises, jupes aux rayures multicolores et foulards de tête à dessins fleuris des Bigourdanes, et pour toutes, la petite croix « Jeannette » suspendue autour du cou par un lien de tissu noir. Partout, les hommes portent le béret, rond et bleu chez les Basques, plus large et marron chez les Béarnais. Toutes et tous sont chaussés d’espadrilles, recouvertes par les chausses blanches traditionnelles de laine tricotée pour l’Ossalois au centre du tableau.

A l’extrême gauche de la frise, un unique musicien accompagne l’ensemble des danseurs. Jouant de la flûte à trois trous et du tambourin à cordes, il est le trait commun à ces vallées pyrénéennes. En effet, encore aujourd’hui, l’ensemble appelé ttunttun et xirula en basque ou tom-tom et flabuta en béarnais est l’accompagnement traditionnel des fêtes et des danses dans les Pyrénées basques et béarnaises.