Interprétation de la nef bayonnaise

Interprétation de la nef bayonnaise
Charles Carrère (Anglet, 1927)
Mosaïque de tesselles de verre colorées

Ø : 60 cm.
2010
Inv. 2011.6.en cours
Salle 15

Formé au dessin à l’école municipale de Bayonne, puis à l’art du vitrail par le maître verrier angloy Jean Lesquibe (1910-1995), Charles Carrère est l’auteur de très nombreux vitraux et mosaïques décoratives qui ornent les églises mais aussi des villas du Pays Basque et des Landes.
 

Cette mosaïque créée en 2010 est une interprétation de la clef de voûte du transept sud de la cathédrale Sainte-Marie de Bayonne.
Bien que très simplifiée, elle reproduit fidèlement l’image sculptée au XIVe s. par les tailleurs de pierres, culminant à 26 m. sur une croisée d’ogives.
Elle figure un navire et son équipage prêts à appareiller. Les éléments constitutifs de l’embarcation y sont clairement exprimés et très représentatifs de l’architecture navale bayonnaise médiévale.
Cette clef de voûte évoque l’âge d’or de la construction navale bayonnaise aux XIII et XIVe s. Les chantiers, réputés dans toute l’Europe, produisent alors deux grands types d’embarcations : les « naus » de haute mer et les bateaux fluviaux. Les « naus » (nefs, galées et coques) sont leur spécialité comme en témoignent les commandes passées par les rois d’Angleterre, de Navarre ou de France.

 

La clef de voûte du transept de la cathédrale Sainte-Marie

La clef de voûte du transept de la cathédrale Sainte-Marie



L’ouest de l’Europe est à cette époque un foyer d’innovations techniques favorisé par l’expérience nautique des marins et par sa situation géographique à la jonction des zones méditerranéenne et atlantique.
La nef bayonnaise en est l’illustration. Pourvue de gaillards avant et arrière, d’un solide mat central et d’une voile unique, ici repliée, les membrures de sa coque sont assemblées à clins, chaque planche mordant sur celle du dessous, selon une technique héritée des cultures maritimes nordiques. Sa spécificité est liée à la présence, à l’arrière du bateau, d’un gouvernail d’étambot dont cette image est l’une des premières représentations.
Appelé timon « bayonnais » ou « à la navarresque », ce gouvernail axial permet de diriger le bateau plus efficacement que les avirons latéraux qui équipent traditionnellement les navires au Moyen-Age. Son nom semble indiquer une origine ou une particularité locale, bien que ce type de gouvernail ait été déjà connu des Chinois et des Arabes. Sa diffusion permet d’augmenter la vitesse et la stabilité des navires, tout comme leur jauge, et prélude aux grandes expéditions océaniques de l’Epoque Moderne.