Le Jeu de Paume

A 17 ans, le jeune homme est appelé à Bordeaux pour tenir le jeu de paume de la rue Rolland, construit à la fin du 18e s., récemment remis à neuf et inauguré.

Emile Broquedis, paumier bayonnais

Fin septembre, le tournoi international de paume organisé par le Jeu de Paume de Navarre au trinquet Saint-André de  Bayonne et au trinquet Hapette de Labastide Clairence, remettra au goût du jour ce sport aujourd’hui méconnu, si populaire dans tout le royaume de France jusqu’au 18e s.

Le musée recevra la visite d’un petit groupe de paumiers venus apprécier, en connaisseurs, les collections consacrées à la pelote basque et à son ancêtre, le jeu de paume.

Pour l’occasion, le musée sortira de ses réserves une raquette ayant appartenu à Emile Broquedis, le dernier paumier bayonnais.  

Emile Broquedis, né en 1862, est le neveu du propriétaire du trinquet Saint-André de Bayonne, dans lequel il passe son enfance. Le trinquet n’est alors que l’ancienne salle de jeu de paume dite « de Maubec » : chasses peintes en noir, grille, galeries et tambour sont conservés bien qu’ils ne soient plus adaptés au jeu de pelote qui est en train de s’y développer.

A 17 ans, le jeune homme est appelé à Bordeaux pour tenir le jeu de paume de la rue Rolland, construit à la fin du 18e s., récemment remis à neuf et inauguré.

Le Bayonnais faisant preuve de belles dispositions pour le jeu, on lui adjoint rapidement les services de l’expérimenté John Tompkins dont le frère, Edmund, fut l’une des figures les plus marquantes de la paume anglaise à la fin du 19e s. Sous la conduite de cet excellent professeur, qui enseigne aussi bien en français qu’en anglais, Emile Broquedis confirme bientôt ses talents de paumier, se distinguant par un jeu facile et élégant.

Il quitte Bordeaux en 1881 pour revenir temporairement au trinquet Saint-André où le jeu de pelote a définitivement supplanté la paume. A pasaka puis à main nue, il organise quelques parties mémorables entre les meilleurs pelotaris avant que le bâtiment ne soit véritablement transformé en trinquet à son départ, en 1888. Car Emile Broquedis poursuit sa carrière de paumier à Pau où vient d’ouvrir la salle de jeu de paume du Parc Beaumont. Il se classe parmi les meilleurs amateurs français, passe quelques mois aux Etats-Unis entre 1901 et 1902, et finit par rejoindre le jeu de paume des Tuileries à Paris en 1905, qu’il tient pendant deux ans, assisté de ses frères, Eugène et Louis.

Bon sang ne saurait mentir : en 1912, lors des Jeux Olympiques de Stockholm, le jeune joueuse de tennis, porte-drapeau de la délégation Française et médaillée d’or en simple dames s’appelle…Marguerite Broquedis, fille d’Emile.

 

 

D.57.1.169

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PH.58.100.90

PH.58.100.90

Légendes photos :

- Raquette d’Emile Broquedis, fin 19e s., collection Arramendy, inv. D57.1.164

- Groupe de pelotaris au trinquet Saint-André avant 1888.

Reproduction sur papier d’une photographie noir et blanc, collection Arramendy, inv. PH.58.100.90

Derrière les joueurs de pasaka (Emile Broquedis, au centre coiffé d’un béret) la galerie et la grille peinte en noir occupent toujours le fond de la salle. Ils seront démolis en 1888 pour dégager le mur de frappe utilisé par les pelotaris. On aperçoit sur la droite l’avancée du tambour sur lequel les enfants de M. Licou, le propriétaire, avaient collé une image de grenadier (…avec son tambour). Cet élément disparaîtra aussi en 1888.

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Bibliographie d’ouvrages consultables à la bibliothèque du musée :

- ADEMA, Gratien « Zaldubi ». Notice sur le jeu de paume au rebot, jeu national. Bayonne : L. Lasserre, 1894 [P3241]

- ALLAUX Jean-Pierre. La pelote basque de la paume au gant. Biarritz : JetD, 1993 [P12197]

- BAJOT, M. Eloge de la paume et de ses avantages. Paris : Bachelier, F. Didot, 1824 [P5932]

- BONHOMME, Guy. De la paume au tennis. Paris : Gallimard, 1991 [P11744]

- COCHARD, Th. Le jeu de paume à Orléans. 1889 (photocopies) [M3949]

- COLLIN, Edmond. Petit manuel de la longue paume. Paris : Delagrave, 1891 [P8310]

- DESEES, Julien. Les jeux sportifs de pelote-paume en Belgique, Bruxelles : Imp. du Centenaire, 1967 [P12602]

- FOURNIER. Le jeu de paume. Paris : Didier, 1862 [M421]

Jeu des rois, roi des jeux. Musée National du Château de Fontainebleau. Fonteny-sous-Bois : RMN, 2001 [P13232]

- LERY, Edmond. Les premiers jeux de paume de Versailles [P5925]

- LUZE (de), Albert. La magnifique histoire du jeu de paume. Bordeaux et Paris : Delmas, Bossard. 1933 [M271]

- LUZE (de), Albert. Les jeux de paume et les trinquets. Bulletin du Musée Basque, 1930, n°4, p.1

- MARTIN, Alphonse. Les anciens jeux de paume du Havre. Le Havre : H. Micaux, 1919 [P4200]

- MOURGUY CAPELIER, Evelyne. Les jeux de paume en Pays Basque à travers les écrits de contemporains et les articles du Courrier de Bayonne, 1528-1882. 2011. Mémoire de Master 2, Bordeaux III [796M04]

- NANTEUIL, E. de. La paume et ses lawn-tennis. Paris : Hachette, 1898 [P8009]

Pilota Gogoan, la pelote basque 1850-1950. Musée Basque et de l’histoire de Bayonne. Bayonne : Ed. Mondarrain, 1998 [98-34]

- ROUSSEL, Auguste. Lettre sur la longue paume de Paris. Paris : J. Claye, 1866 [P5927]

- VILARASY, Katia. La paume hors du temps. 1995 [M4550]