Layas

 

Layas
 

Hêtre et fer
 

H : 92 cm ; L : 16,5 cm
 

Fin 19e-déb. 20e s. 
 

Sare (Labourd)
 

Inv. D 56.1 et 2
 

Dépôt du Musée National des Arts et Traditions Populaires
 

Salle 04

 

Cette paire de layas a été achetée en Labourd en 1922 par le Musée National des Arts et Traditions Populaires à l’initiative de l’ethnologue José Miguel Barandiaran, pour une mise en dépôt immédiate au musée. Cet outil de labour archaïque qui servait à retourner la terre, était  particulièrement efficace sur les terrains argileux, compacts ou pierreux, pentus, de taille réduite ou d’accès difficile. Les layas étaient utilisées en complément d’autres instruments aratoires.
Employées au sud des Pyrénées jusque dans les années 1930, elles sont abandonnées plus tôt en Pays Basque nord, vers la fin du 19e s. Deux modèles existent, à manche court ou long. Il semble que le modèle à manche long soit le type le plus ancien.
Le travail avec les layas est le plus souvent souvent collectif. Hommes et femmes disposés en ligne travaillent à reculons, une laya dans chaque main, qu’ils enfoncent dans le sol en s’aidant de leurs pieds avant de retourner la terre en tirant sur le manche.
Les layas sont toujours utilisées par paires : cette caractéristique en fait un instrument unique en Europe, dont l’usage se limite à la zone d’influence culturelle basque. Même s’il existe des instruments similaires, à 2 ou 3 dents, dans d’autres régions, ils ne sont jamais utilisés par deux.
Par son mode d’utilisation, la laya ressemble à la chaquitaclla, bêche en bois dur utilisée par les Incas pour la culture de la pomme de terre et le semis du maïs. Mais la théorie selon laquelle cet instrument aurait été importé en Pays Basque en même temps que la culture du maïs[1] au 16e s., est aujourd’hui contestée.
Selon Koldo Colomo Castro[2], la laya est d’origine autochtone. Sa représentation la plus ancienne se trouve sur l’un des piliers de l’église Santa Maria d’Olite (Navarre). Il s’agit d’Adam, chassé du paradis, qui laboure la terre avec des layas. Parmi les éléments du décor, tout autour, figurent des feuilles de vigne. Cette image a été sculptée vers 1300 et  on sait par ailleurs que les layas étaient d’usage courant dans le royaume de Navarre dans la première moitié du 13e s. car elles sont citées dans un texte des Fueros, en même temps que d’autres instruments agricoles utilisés par les journaliers. 

[1] Lefebvre, Th. (1933). Les modes de vie dans les Pyrénées Atlantiques occidentales. Paris : Armand Colin. p. 209
[2] Colomo Castro, K. (2008).  Las layas y su plástica a través de la etnografía y la iconografía religiosa. Pamplona : Cuadernos de etnología y etnografía de Navarra, 40 (83), pp. 233-256

 

 

Elles semblent plutôt être liées au travail de la vigne, très répandue dans la région d’Olite. La métallurgie médiévale et les techniques de forge étaient suffisamment développées pour permettre la fabrication de ce type d’instruments. Cependant, la quantité de métal nécessaire a pu en limiter la diffusion. Des instruments du type de la laya, des tridents, sont attestés en France et en Catalogne dés le 9e s. On peut donc penser que les layas étaient utilisées en Navarre autour de l’an mil. En Pays Basque nord, leur emploi n’est attesté que de manière ponctuelle au 19e s. et semble avoir plutôt résulté d’échanges isolés avec le Pays basque sud.
En Biscaye, Gipúzcoa et Alaba, la laya est l’attribut de San Isidro, patron des laboureurs.