Urne funéraire

  Urne funéraire


  Terre cuite
 

H. 15,9 cm ; diam. 21,4 cm
 

Entre – 1800 et – 1600 av. JC
 

Inv. D.2000.1.1 

Dépôt de la commune de Saint-Michel (Basse-Navarre)
 

Salle 03

Les premiers bergers, apparus au Néolithique (-5000 av. JC.), ont laissé de nombreuses traces dans la montagne basque. Les pistes pastorales qui mènent vers les hauts pâturages de Soule et de Basse-Navarre sont jalonnées de monuments funéraires témoignant d’une présence humaine régulière dans ces zones de parcours des troupeaux. Les dolmens, mégalithes les plus anciens, sont situés en grande majorité dans les pacages d’estive. Les tumulus et cromlechs (cercles de pierre) qui leur succèdent, se rencontrent parfois à des altitudes supérieures et sont probablement le signe d’une conquête progressive de la montagne.
Fouillé en 1991 par J. Blot, le tumulus d’Urdanarre-Nord 1 a livré ce petit vase biconique décoré, daté de l’Age du Bronze (vers -1800 / - 1600 av. JC). Le monument situé sur la commune de Saint-Michel (Basse-Navarre), à quelques mètres de l’ancienne voie romaine des ports de Cize, appartient à un groupe de 4 tumulus et un cromlech édifiés sur cette zone de riches pâturages. Il renfermait en son centre un vaste coffre funéraire rectangulaire constitué de six dalles de pierre. Quelques fragments osseux, restes d’inhumation d’un jeune individu étaient regroupés dans l’un des angles, la poterie reposant au même niveau, dans un autre angle.
Son état de conservation remarquable nous apprend qu’elle comportait à l’origine cinq pieds ovales, disparus avant le dépôt dans la sépulture. Par sa forme et son décor, ce vase appartient au groupe des biconiques aquitains, datés du Bronze ancien et moyen, bien représentés dans le grand Sud-Ouest - des Hautes Pyrénées aux plaines du Béarn, jusqu’à l’estuaire de la Gironde - souvent dans un contexte funéraire.

 Le décor de ce vase est très soigné, réalisé au moyen d’une cordelette souple, enroulée sur toute sa longueur ou appliquée ponctuellement pour dessiner des chevrons. Selon J. Roussot-Larroque[1] « Dès la fin du Bronze ancien, cette mode du décor à la ficelle a connu une grande extension dans le nord de l’Aquitaine, le Centre Ouest et plus largement la façade atlantique de la France. La diffusion de cette mode a coïncidé avec d’autres phénomènes, en particulier l’apparition des sépultures individuelles sous tumulus […] L’extension de ces nouveautés correspond à une ouverture vers l’extérieur […] et peut-être à une mobilité plus grande liée à l’intensification du pastoralisme et éventuellement à d’autres intérêts portés aux ressources (minérales ?) de la montagne. » Cette découverte permet de resituer le Pays Basque dans un contexte d’échanges entre la montagne, le piémont et la plaine dès la période protohistorique. Ces liens s’expriment notamment par la transhumance, pratique qui perdure jusqu’à l’époque contemporaine.
Notons enfin les débris d’ossements calcinés retrouvés à proximité du vase, attestant une réutilisation de cette sépulture vers le XIV-XVe s. et montrant la persistance du rite d’incinération sous sa forme protohistorique jusqu’à la fin du Moyen-Age en Pays Basque.

 

[1] Roussot-Larroque, J. (1993). Vase polypode « Apode » décoré à la cordelette du tumulus d’Urdanarre-Nord 1 à Saint-Michel. Donostia : Munibe. pp.153-158