Du 30 juin au 4 novembre 2018

Le Musée Basque réunit pour la première fois en Iparralde, les huit artistes du groupe Gaur (Aujourd’hui) créé en 1966 à Saint-Sébas­tien : Amable Arias, Rafael Ruiz Balerdi, Nestor Baster­retxea, Eduardo Chillida, Remigio Mendiburu, Jorge Oteiza, José Antonio Sistiaga, Jose Luis Zumeta.

Initié par José Antonio Sistiaga, Amable Arias et Jorge Oteiza, le groupe Gaur entendait proposer une alternative d’avant-garde en Pays Basque, alors dominé par un art figuratif consensuel validé par l’ordre franquiste. Il constitue un acte de résistance et d’émancipation devenu emblématique du grand élan de rénovation qui anime le monde culturel basque de cette époque.

L’exposition présente une sélection d’œuvres de ces huit artistes – près de 100 –, essentiellement constituée de pièces de cette époque. Elle revient également en détail sur le contexte politique et culturel des années 1960 en Pays Basque – avec près de 100 documents -, tout en s’intéressant à la diffusion de l’esthétique issue de ce nouvel élan de la création basque, symbole d’une liberté retrouvée à partir de la fin des années 1970.

Le groupe Gaur

C’est l’histoire d’une fulgurance, d’un éphémère rassemblement d’artistes dont l’association et la prise de parole devaient donner l’impulsion d’un vaste mouvement collectif d’émancipation et d’affirmation culturelle à l’échelle de toutes les provinces basques dans le contexte de la dictature franquiste. Imaginé en 1965, le groupe Gaur, « Aujourd’hui », présente sa première exposition collective au printemps 1966 à Saint-Sébastien, dans le sous-sol de l’agence du promoteur immobilier Dionisio Barandiaran, transformée pour les accueillir en « galerie d’art composite ».

Le groupe réunit huit artistes d’avant-garde, peintres et sculpteurs, travaillant en Guipuscoa (Amable Arias, Nestor Basterretxea, Eduardo Chillida, Remigio Mendiburu, Jorge Oteiza, Rafael Ruiz Balerdi, José Antonio Sistiaga et Jose Luis Zumeta), dont deux, Chillida et Oteiza, bénéficient déjà d’une large reconnaissance sur la scène artistique internationale. Le manifeste qui accompagne cette fondation institue le principe d’une École Basque, qui devait être formée par la réunion d’artistes en collectifs dans chacune des provinces basques : Gaur en Guipuscoa, puis Emen (« Ici ») en Biscaye, Orain (« Maintenant ») en Alava et enfin Danok (« Tous ») en Navarre. Un projet de groupe Baita (« Aussi ») avait également été pensé pour les provinces basques du nord. Mais les choses ne se sont pas passées comme elles avaient été projetées. Après la mise en route des trois premiers groupes, l’exposition du collectif navarrais Danok, dont la présentation conjointe avec Gaur, Emen et Orain devait être le point d’orgue du lancement de l’École Basque, ne put jamais voir le jour, en raison de divergences inconciliables entre les artistes des différents groupes. Dès la fin de l’année 1966, l’idée d’une mobilisation collective des artistes basques au sein d’un mouvement commun à toutes les provinces s’avérait impossible à mettre en œuvre. Le groupe Gaur continua d’exister seul quelque temps encore, impliqué dans les activités diverses de la galerie Barandiaran jusqu’à sa fermeture en décembre 1967, puis en pointillé, à travers quelques expositions rassemblant certains des membres du groupe jusqu’en 1969.