Pablo Tillac, de dessinateur à ethnographe



Pablo Tillac exposé au Musée Basque.

Le Musée Basque et de l’histoire de Bayonne consacre une exposition à  Pablo Tillac du 22 décembre 2018 au 26 mai 2019 intitulée Pablo Tillac d’une guerre à l’autre (1914-1945).

L’exposition montre l’œuvre de Pablo Tillac illustrant les deux guerres mondiales, la guerre civile espagnole mais aussi ses dessins de l’entre-deux-guerres. On y retrouve donc de nombreux portraits de soldats qu’il a observés lors de ces conflits (Allemands, Américains, tirailleurs du Maghreb…) mais aussi des illustrations de situations ou d’événements marquants (Oradour-sur-Glane, camps de travail…)

Les Basques sont également présents dans cette exposition. En effet, il s’agit d’une thématique incontournable de l’œuvre de Tillac qui aime en particulier représenter les petites gens de la société traditionnelle rurale et maritime. Il commence à traiter ce sujet, juste avant la Grande Guerre en dessinant le peuple de Bilbao en 1912-1913, puis il s’y consacrera pleinement après le conflit. Dès lors, cela deviendra son sujet d’étude de prédilection jusqu’à la fin de sa vie. On peut ainsi découvrir des portraits de pêcheurs des ports guipuscoans dans la partie de l’exposition consacrée à l’entre-deux-guerres.

 

 

Définir le type euskarien.

Le début du XXe siècle est marqué par deux courants qui influenceront le travail de Tillac.

D’une part, c’est la crainte de la disparition d’un mode de vie traditionnel essentiellement rural qui pour certains doit être immortalisé. La création de nombreux musées régionaux tels que le Musée Basque date de cette époque.  En 1913, Louis Colas et Ernest Fort expriment bien cette inquiétude dans leur rapport pour la création du Musée Basque : « Les vieilles mœurs, les vieux usages disparaissent avec rapidité. Ceux qui ont parcouru le Pays Basque il y a vingt ans et qui le voient maintenant ne peuvent qu’être frappés de la transformation qui s’est accomplie. »[1]

D’autre part, les théories de l’anthropologie physique qui définissent des races humaines font à cette époque un large consensus dans le monde scientifique. Tillac est fasciné par ce qu’il identifie comme la singularité basque, il s’intéresse aux origines de ce peuple et à ses  « caractères » physiques mais aussi culturels.

Il consacre ainsi quelques 2000 dessins à la représentation des types basques. Il aime reproduire les traits dans le détail presque jusqu’à la caricature. Il accumule ainsi une documentation de base pour définir le type euskarien. Il ne se contente pas de faire des portraits mais s’attache à copier aussi les attitudes caractéristiques des Basques dans leurs diverses activités : jouant à la pelote ou assistant à une partie, à l’église… Il représente aussi les manifestations culturelles auxquelles il assiste telles que le carnaval labourdin, cavalcades et autres pastorales (cf. exposition). 

 

De dessinateur à ethnographe.

Tillac peut reproduire une pièce d’un vêtement caractéristique du Pays Basque sous toutes les formes, comme l’illustre le cas des vêtements masculins (chamarra et capes) ou encore des sabots et sandales.  

La recherche d’une telle précision à des fins artistiques dans un premier temps, l’amène à consacrer des articles à l’étude du type basque. Il a ainsi contribué à plusieurs revues scientifiques locales aux côtés de bascologues reconnus tel son ami Philippe Veyrin. Il propose ainsi régulièrement des textes à la revue Gure Herria, quelques articles paraissent aussi dans le  Bulletin du Musée basque, le Bulletin de la Société des Sciences Lettres et Arts et Eusko Jakintza.

Ses textes concernent l’étude des particularités des basques, que ce soit leurs origines 1/2, leurs costumes3/4/5, leurs symboles comme la croix à virgules6 mais aussi les légendes avec l’exemple du Serpent de Belzunce7

 

Liste articles consultables à la bibliothèque du Musée Basque

 1 « Sur la parenté des Basques et des Japonais », Gure herria, 1934, P. 55-66

2 « Contribution à l’étude sur la race basque », Gure herria, 1955, P. 225-243

3 « Sur le béret basque », Gure Herria, 1937, P. 378-379

4 « Etude du mocassin dans le monde (l’abarka basque incluse), sa répartition, ses connections culturelles dans le genre chaussure et ses dérivés », Eusko Jakintza, 1953-1957, P. 85-96

5 « Survivance du costume ibérique chez les Basques actuels», Bulletin de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Bayonne, 1924. - P.190-206

6 « Variétés : La croix à virgules ou « croix basque »  par Ph. Veyrin , Bulletin du Musée Basque n°2.1-2, 1936 », Gure Herria, 1937, P.283-285

7« Sur l’Hydre ou le Serpent de Belzunce », Gure Herria, 1938, XVIII, 175-176

« Sur les peaux qui ornent les têtes des bœufs et les caparaçons des bœufs et des vaches des Pays Basque », Gure Herria, 1937, P.283-288

« Les Petits chevaux (pottokak) du Pays Basque », Gure Herria, 1934, P. 439-448

 

 

 



[1] Musée de la Tradition basque et bayonnaise. Organisation. Rapports présentés M. Colas, membre de la Commission et M.E. Fort, Secrétaire du Musée de la Tradition Basque, 1913