Julien Vinson, du Tamoul à l'Euskara



Julien Vinson né à Paris  en 1843 et mort à Libourne en 1926. Cet inspecteur des Eaux et Forêts est passionné par les langues. Ainsi, en parallèle de son métier, il se consacre à l’étude des langues, en particulier des langues indiennes qu’il côtoie dans son enfance, puisqu'il a passé une partie de celle-ci à Pondichéry (Inde). Installé à Bayonne en 1866 où il est garde général des forêts, il s’intéresse rapidement à la langue basque. Il quitte le Pays Basque en 1878 pour un poste de sous-inspecteur à Bagnères-de-Bigorre.

En 1879, il est chargé des cours d'hindoustani et de tamoul à l'École des langues orientales vivantes, puis en 1882, il est nommé professeur titulaire. Malgré l’éloignement du Pays Basque, il continue également à consacrer des travaux à ce pays et à sa langue.

 

L’Ecole linguistique naturaliste

Julien Vinson s’inscrit dans l’École de linguistique naturaliste, qui rattache la linguistique aux sciences naturelles en tant que branche de l'anthropologie. A la base de la doctrine de l’Ecole de linguistique naturaliste, on trouve l’idée que le langage est l’attribut spécifique de l’espèce humaine, indissociable de la pensée, comme l’exprime Vinson : « le langage n’est autre chose que la pensée sonore, ou, en d’autres termes, que l’expression sonore de la pensée ».

Les langues agglutinantes sont pour Vinson constitutivement des langues attachées à des états de civilisation inférieurs. C’est ainsi qu’il formulait à l’égard de la langue basque une double appréciation : au plan scientifique, il la présentait comme « offrant un grand intérêt en tant que langue ancienne dont l’étude donne accès à l’état de civilisation des Basques antiques » (Vinson 1874, p. 55) ; au plan social, à l’inverse, il considérait qu'elle était inutile et vouée à une disparition prochaine : « La langue basque, qui n’offre d’ailleurs aucun intérêt pratique, malgré son extrême importance scientifique, est manifestement en train de disparaître ». (Vinson 1882, p. 66).  

 

Ses travaux

Il est  d’abord coéditeur puis directeur de la Revue de linguistique et de philologie comparée, organe principal de ce courant de la linguistique où il écrit également de nombreux articles.

Si ce linguiste s’intéresse en premier lieu, concernant le Pays Basque, à sa langue, il écrit sur ce pays dans de nombreux domaines : histoire, folklore, littérature, anthropologie, bibliographie et évidemment linguistique. Une grande partie de ses ouvrages concernant le Pays Basque est présente dans les collections de la bibliothèque du Musée Basque http://pmb.musee-basque.fr/opac_css/index.php?lvl=author_see&id=537.

On retiendra particulièrement son Essai d'une bibliographie de la langue basque, outil très utilisé par les bibliophiles et bibliothécaires de fonds basques.

Le fonds Vinson au Musée Basque

Le Musée Basque conserve également 17 lettres de la main de Julien Vinson. La plupart n’ont pas de destinataire identifié mais il pourrait s’agir essentiellement du Chanoine Daranatz. Un courrier de ce dernier adressé à Julien Vinson est également conservé, de même qu’un autre provenant du Commandant de Marien. Ces lettres ont essentiellement pour objet les études basques, passion que partagent tous les trois.