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Titre Diane d’Andoins (1554-1621) dite Corisande, comtesse de Guiche, et de sa fille Catherine
N° d’inventaire G 2
Auteur Attribué à Juan Pantoja de La Cruz (1553-1608)
Technique et matériaux Huile sur toile
Dénomination tableau
Date 1575 3e quart 16e siècle
Dimensions Haut. : 170 ; Larg. : 120
Description :
Portrait en pied d'une femme et de sa fille, les deux personnages habillées à la mode de la Cour d'Espagne des années 1560. Les modèles portent le vertugadin cloche à l'espagnole, très peu usité en France mais porté par la reine d'Espagne, d'origine française, Elisabeth de Valois dans ses portraits des années 1560, en particulier dans son portrait peint par Sofonisba Anguissola en 1565 pour l'entrevue de Bayonne (Madrid, musée du Prado).

Diane d'Andoins dite "Corisande" (d'après le roman espagnol de chevalerie l'Amadis de Gaule porte le vertugadin cloche à l’espagnole, costume de la cour d’Espagne dit saya avec ceinture de pierres précieuses. L’enfant porte le même habit mais avec les manches ouvertes. Il faut noter les bagues portées au pouce et à l’index. Ce portrait traduit le grand prestige de la mode aristocratique espagnole auprès de la noblesse européenne. Le style espagnol est promu par une Française, Elisabeth de Valois (1545-1568), troisième épouse de Philippe II roi d’Espagne. Lorsque la reine vint à Bayonne en 1565 pour rencontrer son frère Charles IX, sa mère Catherine de Médicis s’écria : « Ma fille, vous êtes bien Espagnole ! » En l’espace d’une décade, la mode espagnole acquiert une valeur universelle et capte l’attention des femmes. Les portraits de la reine sont peints par des artistes de divers horizons : l’Espagnol Pantoja de la Cruz, le Flamand Anthonis Mor devenu Antonio Moro, l’Italienne Sofonisba Anguissola nommée dame d’honneur de la reine (Sofonisba accompagne la reine à Bayonne). Les tableaux sont envoyés en cadeaux diplomatiques dans toute l’Europe et popularisent le nouveau luxe espagnol exprimé sur un fond d’austérité au niveau des couleurs. Le vêtement noir ou sombre met en valeur l’éclat des bijoux répartis avec abondance sur tout le costume. L’attitude réservée du modèle et le mouvement figé des bras, contribuent à créer une image de solennité et de distance souveraine. Les portraits sont recopiés de nombreuses fois y compris après la mort de la reine, car elle a inauguré la mode féminine de la seconde moitié du XVIe siècle, avec une silhouette délimitée par des formes géométriques rigides qui occultent le corps mais laissent libre le visage et les mains où se concentre l’expression. En 1566 et 1567, Elisabeth donne naissance à ses deux filles qu’elle laisse orphelines l’année suivante. Celles-ci sont représentées enfants portant le même style de costume que leur mère.
La mère et la fillette portent en conséquence le vertugadin cloche à l'espagnole. Il s'agit d'une « saya » à broderies de perles et de fils d'or, avec collier et ceinture de pierres précieuses. Le portrait en pied, cadré à gauche par une colonne sur piédestal et draperie, la robe noire entièrement brodée de perles, l’étroite fraise en dentelles, le diadème, le collier et la ceinture de pierres précieuses rappellent le grand portrait en pied de la reine d'Espagne peint vers 1565 par Sofonisba Anguissola (musée du Prado) et le diadème est d’une forme assez proche de celui du portrait en buste de la reine toujours par Anguissola conservé à Milan (Pinacoteca di Brera). Seule différence, les manches galonnées d’or de la chemise de la reine sont libérées de la saya qui ne se rattache que par un point à la base du bras et apparait comme un manteau. La fillette Catherine de Gramont porte un costume presque semblable à celui de sa mère dans la découpe mais d’une couleur très claire dans le jaune orangé, avec une saya ouverte sur les manches formant une sorte de manteau ou cape tenue par un point à l’avant-bras imitant curieusement le costume d’Elisabeth de Valois.

En l'état actuel de la recherche, la seule mention sous l'Ancien Régime, d'un portrait de Diane d'Andoins se trouve en 1678 dans l'inventaire après décès du maréchal-duc Antoine III de Gramont au château de Hagetmau (lieu de naissance de « Corisande », grand-mère d'Antoine III). Il y est inscrit dans la chambre du maréchal-duc : « sur la cheminée de ladite chambre le tableau de Corisandre [sic] d'Andoins », sans que l'on sache si le modèle est accompagné d'un enfant. Plus tard, les inventaires de mobilier du château de Bidache, de 1720 à 1741, mentionnent la présence, dans la chambre du duc de Gramont, au-dessus de la cheminée, d'un tableau d'une « femme habillée à l'espagnole avec une fille à son côté » sans autre précision qui ne peut que s’appliquer à notre portrait. En 1812, le portrait est inventorié à Compiègne chez la veuve du duc Antoine VII de façon approximative : « Un tableau représentant Corisande Desandoin et son fils femme [sic] du ci-devant vicomte d’Astée ».