Sonnaille

 

Sonnaille
 

Métal et bois
 

H. 18 cm ; L : 12 cm
 

19e s
 

Inv. 3050.4
 

Salle 03

 

Cette sonnaille a été acquise par le musée en 1937 pour être exposée dans le Pavillon des 3B rassemblant le Pays Basque, le Béarn et la Bigorre lors de l’Exposition Universelle de Paris.
Elle est particulièrement représentative des productions des sonnaillers basques et béarnais, dont seule l’entreprise Daban à Nay (Béarn) perpétue aujourd’hui le savoir-faire.
Colliers et sonnailles sont surtout utilisés lors de la transhumance qui mène chaque printemps les troupeaux aux estives. Ce jour-là, les brebis sont parées des plus belles cloches que possède la maison. Le bourdon est réservé à la brebis de tête et des cloches plus petites se répartissent dans le troupeau en fonction de la taille des animaux, formant un ensemble musical harmonieux auquel le berger accorde une grande attention.
Dans les pâturages, les sonnailles servent à localiser et identifier le troupeau. Elles éloignent aussi les serpents et protègent les brebis des morsures de vipère. Les bêtes connaissent elles-mêmes le son des sonnailles de leur troupeau et s’en servent certainement pour se repérer. Habituellement, une cloche suffit pour dix brebis mais certains bergers en mettent à toutes les bêtes.
Le son produit est lié à la forme et à l’épaisseur de la cloche. Il varie aussi selon la finition du bas : avec ourlet ou à cru. Le choix du son dépend des conditions d’utilisation. Dans la montagne basque et béarnaise, le son grave s’entend bien dans le brouillard. En forêt, le son clair est plus adapté car il passe à travers les arbres.
Dans les Pyrénées Occidentales, il existe principalement deux formes de sonnailles : plutôt plate et allongée ou ronde et très ventrue. Celle de forme allongée, rectangulaire ou légèrement trapézoïdale, comme celle qui est présentée ici est appelée « truque » par les Béarnais, tzintzarri ou joare[1] par les Souletins. Elle est plus ou moins longue selon qu’elle est utilisée pour les vaches ou les brebis. L’autre type, de forme arrondie comme une montgolfière, appelé « truc » en Béarn et küsküilia en Soule, est réservé aux brebis. Il existe en diverses tailles, le grand modèle étant celui utilisé de nos jours par les Joaldunak, hommes porteurs de cloches du carnaval basque.



[1] Duvert, M., Decha, B., Labat, C. (1998).  Jean Baratçabal raconte… Bayonne : Lauburu, pp. 223-226

 

Les sonnailles sont faites en tôle d’acier pliée et façonnée au marteau puis brasée au four dans un pain d’argile. C’est le laiton ou le cuivre ajouté à la cuisson qui, en se liquéfiant, forme un enrobé qui fait office de soudure et donne leur teinte dorée aux sonnailles. Elles sont ensuite mises à son par martelage. A l’inverse du truc dont la surface est toujours laissée lisse, la truque est souvent décorée. Les pointillés et la croix trinitaire sur un piédestal se rencontrent fréquemment mais d’autres motifs ont pu être martelés à la demande, notamment des cœurs et des cercles associés à des croix ou aux initiales du propriétaire. Les battants, qui aujourd’hui sont en plastique, étaient traditionnellement en bois - buis ou cœur de sapin – en Béarn. Le battant en corne est typique des fabricants basques. Mis à part les sonnailles Daban signées « DF NAY », la plupart des cloches anciennes ne comportent pas de marque et l’identité des fabricants s’est perdue. Ce métier pouvait être une activité annexe pour un forgeron ou même un agriculteur particulièrement habile car elle nécessite un savoir-faire spécifique.
Deux fabricants actifs en Soule au 19e s. ont laissé une trace, au moins dans la mémoire orale : Lili à Barcus et un autre à Licq Atherrey ; En Basse-Navarre, un troisième est cité à la même époque à Baigorry ; à Saint-Jean-le-vieux, Jean Bera a fabriqué des sonnailles dans son atelier jusqu’à la fin du 20e s.