Trois groupes de femmes

Trois groupes de femmes
Tapisserie sur métier, laine et soie
H. 285; l. 264 cm.
XVIe s.
Inv. D.2002.1.1 (OAR 609)
Dépôt du Musée du Louvre
Salle 14

Au premier plan de cette tapisserie, sept femmes sont représentées en costumes régionaux, l'une montée sur une mule harnachée avec des grelots. Elle est coiffée d'une sorte de hennin à corne tombante sur le côté. La deuxième à partir de la gauche possède la même coiffure, et la première, un hennin à pointe droite. La troisième femme à gauche et la dernière à droite ont le cheveu très court. Les deux dames au centre possèdent des coiffes, l'une à trois cornes et l'autre en forme de voile dentelé resserré sous la nuque. Ces femmes sont réparties en trois groupes accompagnés d’inscriptions en lettres gothiques sur des phylactères, indiquant leur origine : Renteria, Pasajes, Bergara et Mont-de-Marsan.
 
Du Moyen-Age au XVIIe s., le costume populaire évolue peu au Pays Basque. Pour ces époques lointaines, nous connaissons surtout le costume féminin grâce aux gravures des voyageurs et par cette rare tapisserie qui mêle des personnages du Guipúzcoa et des Landes. Elle provient de l’entourage des rois de Navarre, Henri II d’Albret et son épouse Marguerite d’Angoulême. A cette époque, il n’y a pas de grandes différences entre les costumes basques et gascons. L’habillement proprement dit est assez classique, constitué de jupons plissés, d’un corsage ajusté, parfois caché sous un manteau court ou une ample tunique.
 

 

 

La spécificité réside dans l’originalité et la diversité des coiffures, différentes selon le statut des femmes. La jeune fille dite « tondue » va tête nue, sans coiffe, le crâne rasé sauf quelques mèches encadrant le visage. Tout au contraire, les femmes mariées ou veuves, drapent autour de leur cou et de leur tête une longue étoffe formant un turban cornu, plus ou moins droit et pointu. Mais on rencontre également à Bayonne, des femmes couvertes de la tête au pied d’un long manteau, ramené en pli plat sur le sommet du crâne. Ces modes et ces coiffes de formes variées témoignent de l’expression locale à partir d’un modèle de référence.

Les turbans cornus disparaissent définitivement au milieu du XVIIe s., fortement combattus par l’Eglise qui y voit un symbole viril de la fécondité. 
Dès lors, le vêtement au Pays Basque diffère peu du costume rural traditionnel des différentes provinces françaises. Jusque vers 1830, la tenue habituelle se compose pour les hommes de culottes et de bas blancs, assortis d’une veste courte, d’une large ceinture et d’un béret. Les femmes portent des corsages sombres égayés de châles imprimés, des jupes et des tabliers colorés ; elles nouent de grands fichus sur leurs cheveux tressés en longues nattes flottant sur leurs épaules.