Deux tableaux prêtés au musée

Deux tableaux de grand format ont recemment rejoint le musée pour figurer quelques mois parmi les collections agropastorales présentées dans les anciens entrepôts de la maison Dagourette. Ce sont deux œuvres régionalistes, peintes dans la première moitié du 20e s. et appartenant à une collection particulière.

La Mer des Basques est signée de l’artiste luzien Ignace-François Bibal (Saint-Jean-de-Luz 1878 – Ainhoa, 1944). Il s’agit d’une huile sur toile réalisée en 1943, probablement pour décorer le restaurant Le Madison à Saint-Jean-de-Luz. L’artiste redessine le Golfe de Gascogne (ou de Biscaye), enroulé sur lui-même, la baie de Saint-Jean-de-Luz nichée tout au fond, formant une petite mer intérieure ouverte sur l’océan. Comme sur une carte touristique illustrée, il plante par endroit quelques monuments, symboles des villes et villages du Pays Basque, dont certains ont aujourd’hui disparu ou ont été modifiés, principalement au Sud des Pyrénées : les arènes de Saint-Sébastien, les cheminées des usines sidérurgiques de Bilbao. Les figures traditionnelles du pêcheur, appuyé sur son aviron, et de la marchande de poissons, le panier calé sur la hanche, se dressent au premier plan du tableau, comme une allégorie de la cité luzienne.

Bibal délaisse ici la touche impressionniste habituelle de ses tableaux, chère à son maître Gustave Colin. Pour ce grand panneau décoratif, l’artiste qui participa activement à la création du musée Basque, opte pour un trait précis et des couleurs nettes qui mettent en relief les détails architecturaux des monuments, le tracé sinueux des cours d’eau et les pics des premiers contreforts Pyrénéens.

Le musée conserve un fonds de quelques dessins et œuvres d’Ignace-François Bibal. Présenté dans la salle consacrée à la religion populaire, le tableau Danseurs basques du Guipuzcoa devant l’église de Ciboure, don de l’artiste en 1926, est plus représentatif de son style régionaliste à la manière impressionniste.

 

BIBAL Ignace-François La Mer des Basques, huile sur toile, 1943, 192x268. Coll. Particulière

BIBAL Ignace-François La Mer des Basques, huile sur toile, 1943, 192x268. Coll. Particulière

Le second tableau invité a pris place dans la salle consacrée à la vie du berger. Là encore, il est l’œuvre d’un artiste très lié au musée, le peintre bayonnais André Trébuchet (Bayonne 1898 – Paris 1962).

Formé à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, André Trébuchet s’est particulièrement fait connaître dans l’illustration et la peinture de décors. Régulièrement exposé au musée dès sa création - il y vient presque en voisin, ayant résidé enfant rue Marengo -, il compose dans les années 1950 une trentaine de portraits et panneaux destinés à illustrer la salle de « L’Expansion Basque ».

Posé sur la cimaise qui fait face aux chariots et traîneaux ruraux, L’Heure calme ou Berger basque devant la baie, apparaît serti dans un bel écrin de bois sombre, aux angles ciselés d’un motif végétal, comme on en rencontre souvent dans le mobilier néo-basque.

Peinte en 1925, cette œuvre lumineuse est une huile sur toile représentant une baie calme, en partie inspirée de celle de Saint-Jean-de-Luz mais sans constructions. Le paysage de collines et montagnes est une création idyllique qui sublime la réalité. L’arrondi de l’encadrement, les couleurs adoucies, presque transparentes, suggèrent la sérénité - ou la mélancolie ? - du jeune berger, à peine entamée  par les lignes tourmentées des troncs sombres et noueux des pins, comme surgis des Landes voisines.

Par ses riches tonalités, camaïeux de rose et de violet, de vert, de jaune et de bleu, ce tableau de Trébuchet affiche une parenté frappante avec celui d’Henri Zo, La journée finie, présenté à un saut de cimaise, dans la même salle.

Les deux œuvres, presque exactement contemporaines - 1926 pour l’œuvre de Zo -, sont baignées de la même lumière : celle d’une douce fin d’été au Pays Basque.

[www.musee-basque.com – musée basque et de l’histoire de bayonne (mej) – septembre 2014]

 

 

TREBUCHET André  L’Heure calme ou Berger basque devant la baie, huile sur toile, 1925, 132,5x196 (cadre 166x217,5). Coll. Particulière

TREBUCHET André L’Heure calme ou Berger basque devant la baie, huile sur toile, 1925, 132,5x196 (cadre 166x217,5). Coll. Particulière