Anita Bringuet-Idiartborde, une compositrice basco-argentine sortie de l’oubli



Une artiste de l'entre-deux-guerres

 

La compositrice, Marie-Hélène Anne Idiartborde dite Anita Idiartborde est née à Rosario en Argentine le 26 juillet 1891.

Devenue Anita Bringuet-Idiartborde par son mariage avec Henry Gabriel Emile Bringuet, elle compose une vingtaine d’œuvres entre 1920 et 1943 : un ballet (Guipúzcoa), des chants pour violon et piano (Andorre) ou encore des symphonies (Symphonie Atlantique et Sínfonía Argentina)…

A la fin des années 1920 et dans les années 1930, ses œuvres sont jouées lors de divers événements et dans plusieurs salles parisiennes : la sonate Hymne à la nuit au Salon d’automne (1928), l’ensemble de trois chants pour violon et piano Andorre à la salle Chopin (1930), le ballet Guipúzcoa à l’Opéra-Comique (1934). 

Certaines de ses œuvres (Pastorales, Andorre...) sont également interprétées au Musée Basque et de l’histoire de Bayonne en septembre 1932, lors d’un concert dirigé par José Gonzalo Zulaika, plus connu sous le nom d’Aita Donostia, grand musicien et ami de la compositrice.

La même année un autre concert est donné à Biarritz au casino municipal, dans lequel est interprété son poème symphonique Salut au preux Roland, sous la direction du grand chef d’orchestre Gaston Poulet[1].

Sa double origine basque et argentine a sans aucun doute influencé son travail comme en attestent certains des titres de ses œuvres, comme Paginas Argentinas ou le ballet Guipúzcoa.

Elle décède prématurément à l’âge de 52 ans, à Cannes, le 13 juillet 1943.

La redécouverte récente de son œuvre

Quasiment oubliée des musiciens contemporains, ces dernières années plusieurs artistes ont redécouvert son œuvre.

Si la soprano et compositrice Maite Idirin, a proposé en juin 2010 un concert sur les compositrices basques au théâtre Campos Eliseos de Bilbao, elle confiait quelques jours avant la représentation au journal Deia[2] que l’œuvre d’Anita Idiartborde était si vaste qu’elle avait besoin de plus de temps pour faire davantage de recherches.

Récemment, la pianiste de Vitoria-Gasteiz, Susana Garcia Salazar accompagnée d’une violoncelliste et d’une soprano, a monté le projet Voces inéditas : mujeres compositoras  dans lequel elles interprètent les œuvres de compositrices basques oubliées dont Anita Bringuet-Idiarborde mais aussi Emma Chacón, (1886-1972), Maria Luisa Ozaita (1939-2017), Emiliana de Zubeldia (1888-1987) et Julie-Adrienne Carricaburu (1827-1898). En 2018, elles participent ainsi au festival Musikaste organisé par Eresbil à Errenteria, institution qui conserve et valorise les archives de la musique basque.

Elles y jouent deux pièces d’Anita Idiartborde, Au lac de Côme, pour piano et violoncelle et  l’Opus 26 pour piano et voix. Sur les partitions de Lied et Primavera qui composent cet Opus, reproduites ici, on peut y voir la signature d’Anita Idiartborde ainsi que le tampon de la « Société des auteurs compositeurs et éditeurs de musique »  et la date du 24 septembre 1942. Il s’agit donc d’une des dernières œuvres de l’artiste décédé l’année suivante. 

En 2019 et 2020, Voces inéditas  a également été donné à la Fondation Juan March à Madrid, et dans plusieurs salles du Pays Basque (Centre supérieur de musique du Pays Basque Musikene à Donostia-San Sebastián, Théâtre Arriaga de Bilbao, Conservatoire de musique Jesus Guridi à Vitoria-Gasteiz…). Le trio se produira également à Munich le 24 mars 2022.

Un CD a également été produit sous le titre Inéditas, la voz de las compositoras.

En 2020 le ballet Guipuzkoa d’Anita Idiartborde devait être interprété par l’Orchestre symphonique d’Euskadi au festival Musikaste mais la pandémie de Covid a amené des changements de date ainsi que de programmation, le festival ayant finalement eu lieu en octobre plutôt qu’en mai et la prestation de l’Orchestre symphonique retirée de la programmation.

 

Le Fonds Idiartborde au Musée Basque

Quelques semaines avant son décès, se sachant malade, Anita Idiartborde proposait dans un courrier adressé à Aita Donostia, de léguer l’ensemble de ses compositions au Musée Basque. Ainsi 28 partitions y sont désormais conservées.

Si son œuvre a été en partie étudiée par les artistes citées plus haut, sa vie reste peu connue. Outre les quelques informations exposées ici, nous savons qu’elle avait une fille prénommée Huguette, qui avait épousé Xavier d’Iribarne, originaire de Saint-Palais. La vie et l’œuvre d’Anita Idiartborde mériteraient sans aucun doute des recherches plus approfondies.

 

LABURPENA 

Anita Bringuet-Idiartborde (Rosario Argentina 1891 – Cannes 1943)

Euskal Museoak bere funtsetan Euskal Herriko emazte musikagile nagusi baten partiturak gordetzen ditu, Anita Idiartborderenak. 1943an, hil zenean, sortu zituen 28 bat obra  Baionako Euskal museoari utzi zizkion. 1920 eta 1930 urteetan interpretatuak izan ziren Euskal Herrian eta Parisen.

Azken urteetan, Euskal Herriko artista batzuk haren lanari berriz interesatu dira. Lehenik Maite Idirinek ikerketa bat hasi zuen eta 2019an Gasteizko pianista, Susana Garcia de Salazarek proiektu bat sortu zuen biolontxeko jotzaile eta soprano batekin. Emma Chacón, (1886-1972), Maria Luisa Ozaita (1939-2017), Emiliana de Zubeldia (1888-1987), Julie-Adrienne Carricaburu (1827-1898) eta Anita Idiartborde, euskal emazte musikagileen obrak interpretatzen dituzte Voces inéditas : mujeres compositoras ikusgarrian , CD batean agertzen direlak.

 

REFERENCES

Articles :

« Musique (programmes) », La Semaine à paris : Paris-guide… : tout ce qui se voit, tout ce qui s’entend à Paris, 30 novembre 1928 (Consulté sur Retronews)

« Les concerts symphoniques », Gazette Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, 20 septembre 1932, p.2 (Consulté sur Retronews)

« La vie symphonique », Comoedia, 24 décembre 1934, p.2 (consulté sur Retronews)

« Les grands concerts », Le Ménestrel, journal de musique, 28 décembre 1934, p.441 (consulté sur Retronews)

"La renaissance du Musée Basque", Bulletin Société Sciences Lettres et Arts de Bayonne, 1947, p.21

Programmes de concert

Voces inéditas : mujeres compositoras : aula de (re) estrenos 109, 15 de enero de 2020, Fundación Juan March, Madrid, (programme de concert)

Musikaste, 2018 programazioa : https://www.eresbil.eus/sites/musikaste2018/wp-content/uploads/sites/19/2018/05/flyerganberamusika.pdf

CD

Eugenia Boix, Teresa Valente, Susana Garcia de Salazar, Inéditas : la voz invisible de las compositoras, 2019



[1] « Les concerts symphoniques », Gazette Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, 20 septembre 1932, p.2

[2] https://www.deia.eus/cultura/2010/06/12/compositoras-vascas-reciben-homenaje-trabajo/57323.html